Depuis plusieurs années maintenant, la société se penche de plus en plus sur les relations toxiques.
Amours malsains, amitiés nocives, pervers narcissiques sont des expressions qui reviennent souvent.
Que ce soit dans les livres spécialisés sur le thème, dans les romans, mais aussi au cinéma, c’est un sujet qui fait couler beaucoup d’encre.
En tant qu’auteur, tu as sûrement remarqué que de nombreux romans mettent à l’honneur des relations amoureuses qui ne fonctionnent pas, ou pire, qui ne sont vraisemblablement pas saines. Banalisé, le développement de ces relations dysfonctionnelles n’est pourtant pas anodin, et nous allons voir ensemble quelles en sont les raisons.
Qu’est-ce qu’une relation toxique ?
Lorsqu’une relation amoureuse se résume à ces quelques mots : souffrance, perte de confiance en soi, manipulation, sensation d’oppression dans la relation, fatigue psychique, c’est que la relation n’est pas saine. Une relation toxique est par définition mauvaise pour soi, et met en péril notre santé mentale. Parfois d’ailleurs, et c’est bien connu, l’un des deux partenaires ne s’en rend pas compte et c’est souvent l’entourage qui tire la sonnette d’alarme.
Comment se détourner des relations toxiques dans sa romance ?
Ne pas confondre passion et destruction
De nombreuses romances vantent, à travers le développement de l’intrigue, des relations malsaines entre les personnages. Le problème de ces comportements, c’est que lorsqu’ils ne sont pas démontés au fil du récit par d’autres personnages, cela revient à les légitimer. Et oui, si personne ne les remet en question ou n’en est choqué, c’est qu’ils sont admis, acceptés.
Et ça, c’est la meilleure façon de créer un fantasme et un idéal chez les lecteurs. Un exemple ? Tout de suite.
Je peux évoquer l’incontournable pervers narcissique, qui n’a d’ailleurs pas seulement inondé les livres mais aussi les médias, et qui se présente au premier abord comme un véritable prince charmant avant de révéler sa vraie nature : impitoyable et dénuée d’empathie. Charmant n’est-ce pas ? Même si on emploie parfois cette expression avec légèreté, en vérité, la perversion narcissique est un trouble de la personnalité, il ne faut pas l’oublier.
On peut le retrouver dans les romances, sous les traits d’un badboy sexy à souhait mais manipulateur, et dangereux à bien des égards. Le plus souvent, il s’éprend d’une jeune fille vulnérable et sensible, pas indifférente à ses charmes.
Malheureusement, ça ne s’arrête pas là…
Ce badboy en question a un comportement ultra-destructeur, jusqu’à isoler sa partenaire de son cercle social, ou lui faire du chantage affectif pour que celle-ci reste dans sa vie.
C’est d’ailleurs ce qui se passe pour Tessa dans la saga After de Anna Todd, lorsque son boyfriend Hardin admet à plusieurs reprises ne pas pouvoir lui proposer une relation stable, tout en la menaçant si elle daigne partir, sympa le boy.
L’emprise s’installe petit à petit et le piège se referme sur sa partenaire. La violence psychologique est déjà grave en soi, mais les protagonistes du récit ne remettent pourtant pas en question la situation, ou peu.
Malgré le tableau noir que je dresse, le roman parvient à créer une bulle dorée autour de cette souffrance. Du coup, à moins que le lecteur ne soit renseigné sur le sujet, la plupart s’y identifient malgré tout, comme aveuglé par ce qu’il croit être l’amour ou la passion.
En tant que lecteur et auteur, il est intéressant d’identifier parmi les représentations que l’on expérimente ou que l’on observe, ce qui relève en réalité du comportement toxique déguisé et présenté sous une étiquette « d’amour-passion ». Plus les auteurs y feront attention, moins il y aura de schémas amoureux erronés dans les romans.
Mon conseil, pour éviter de créer des relations toxiques dans ton roman, c’est justement de dépasser ces clichés dangereux pour proposer le genre de relations que toi tu voudrais expérimenter. Cela permettra de ne pas confondre la passion amoureuse avec la destruction, ce qui est bien différent. Et je ne m’avance pas trop en disant que ce qui fait rêver c’est une relation saine, dans le respect et la bienveillance !
Créer des relations équilibrées
Le couple parfait n’existe bien évidemment pas. Ce n’est pas parce que tu éviteras les comportements toxiques dans ton roman, que tu dois créer un couple lisse. Un couple, ça se dispute aussi ! La différence entre un couple sain et un couple malsain, c’est qu’un couple qui fonctionne ne cherche pas à détruire son ou sa partenaire par tous les moyens. Au contraire, après une dispute, communiquer permet de mettre les choses à plat et d’exprimer pleinement ses ressentis. D’ailleurs, c’est exactement la même chose en amitié.
Cela n’exclut évidemment pas l’apparition de sentiments comme la peur de perdre l’autre, par exemple.
Mais il y a une différence entre avoir peur de perdre son ou sa partenaire et l’empêcher de vivre, et dans les relations toxiques, on retrouve bien souvent un isolement d’un des partenaires à cause de la possessivité de ce dernier.
Ce que je te conseille, c’est de t’inspirer de ce qui rend une relation équilibrée en commençant par le respect, la bienveillance, la communication, les points communs, le soutien mutuel… Et avec ça, tu peux tout à fait écrire une romance captivante et pimentée, l’un n’empêche pas l’autre.
Se sensibiliser
Tu as sûrement entendu parler ces dernières années de l’émergence de différents mouvements sur les réseaux sociaux. Nous sommes à une époque où les hashtags #Meetoo, #Balancetonporc, #HeforShe libèrent la parole des femmes au sujet du viol et des agressions sexuelles. Alors… Évitons que ta romance entre dans un #Balancetaromance !
Plus sérieusement, en tant qu’auteur en 2021, il me paraît important de mettre en avant, par exemple, la notion de consentement dans la relation amoureuse que tu vas développer. Cela peut passer par la création d’un lien de confiance autour du couple et du sexe, mais aussi par la description de comportements que l’on pourrait qualifier de contre-exemples.
Je m’explique : Prenons un couple , Mélissa et Tom.
Tom a très envie de coucher avec sa copine, mais elle s’est endormie. Il décide malgré tout de la prendre par surprise et perturbe brutalement son sommeil, si tu vois ce que je veux dire. Mélissa, furieuse en se réveillant, lui explique qu’elle ne peut pas consentir à un acte sexuel alors qu’elle dort. Couple ou pas, c’est un viol.
Là, le comportement incorrect de Tom n’est pas légitimé et on a une explication, c’est ce qui rendrait cette romance éducative, dans un sens. En tant qu’auteur, cela montrera l’exemple, mais témoignera aussi qu’au jour d’aujourd’hui, les représentations ont bel et bien changé.
Tu l’as compris, se sensibiliser à des sujets comme le consentement permet d’éviter les comportements toxiques dans les romances : soit en les supprimant, soit en les montrant pour mieux les déconstruire comme avec l’exemple de Tom.
Si ça t’intéresse :
Tea Consent
Repenser les relations humaines
Souvent dans les relations toxiques, on retrouve un anéantissement d’un des deux protagonistes, victime du comportement destructeur du deuxième personnage. Que ce soit dans ses perspectives professionnelles ou personnelles, c’est comme si ce personnage n’avait plus d’objectifs, sa vie n’ayant subitement plus de sens.
Le problème c’est que cela véhicule comme image qu’une relation fonctionnelle ou pas, doit se solder par un oubli de soi. Or, ce n’est pas souhaitable non plus, même si on comprend la complexité de se dépatouiller de l’emprise… Pourquoi ce n’est pas OK ? Tout simplement parce-que dans la vie comme dans les romans, un personnage a une existence propre à côté de ses relations (que ce soit en amitié ou en amour). Il a ses passions, ses projets, ses loisirs, ses potes et j’en passe.
Justement, écrire une romance dans laquelle les deux personnages mènent leur propre existence à côté de leur relation soulignera l’importance de ne pas s’oublier, au risque de sombrer comme le Titanic.
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