Les dialogues font partie intégrante de l’édifice d’un roman. Tout comme les descriptions qui ont aussi leur importance, savoir écrire un dialogue est une compétence essentielle pour un écrivain.
Pourtant, ce n’est pas un exercice facile. Souvent redouté et qualifié de véritable défi, l’art d’écrire des dialogues demande une certaine technique. Et pour cause : lorsqu’ils sont bien construits, le roman peut prendre un réel tournant. Encore faut-il le réussir… Un dialogue mal écrit ou maladroit peut briser la crédibilité du récit : le lecteur n’y croit plus, la fiction s’écroule. Et là c’est le drame.
Alors pour que tes dialogues sonnent plus vrais que nature, je vais te donner quelques astuces.
Un dialogue, c’est quoi au juste ?
Le dialogue constitue l’ensemble des échanges entre deux ou plus personnages. Tout se joue dans la manière dont toi, l’auteur, va mettre en scène ses dialogues. L’enjeu est grand, car un dialogue bien construit a plusieurs fonctions : Il permet de donner vie à une situation, de mettre en avant les relations entre les personnages, mais aussi de dynamiser le récit en prenant le relais sur les descriptions.
Comment écrire un dialogue réussi ?
1) Soigner sa typographie
Avant d’évoquer le dialogue à proprement parler, il faut aborder la partie la moins drôle : la forme. Sorry !
Comme tout le reste, la mise en page des dialogues est primordiale : plus un dialogue est lisible, plus la lecture sera agréable. C’est le moment de prendre quelques notes !
Il existe deux façons courantes de mettre en forme un dialogue :
l’association des guillemets et des tirets ou les tirets uniquement.
Concernant les guillemets, on les utilise pour ouvrir la discussion :
« Que fais-tu dehors à cette heure-ci ? » demanda Camille.
Dès la première réplique, c’est le tiret cadratin qui prend la relève :
— Je prends un peu l’air, ni plus ni moins.
— Ne tarde pas trop non plus, c’est dangereux de trainer dehors en ce moment. »
À la fin de l’échange, il faut fermer les guillemets.
Tu peux aussi choisir de n’utiliser que les tirets :
Camille, préoccupée, ne se laissa pas abattre.
— Je préfère que tu te rapproches de la maison, par précaution.
— Et pourquoi donc ?
Un bruit sourd se fît entendre non loin, faisant sursauter Camille et Alice.
— Tu comprends, maintenant ?
Finalement, qu’importe la technique que tu vas choisir dans tes dialogues.
Ce qui est essentiel par contre, c’est de conserver la même tout au long de ton roman, pour créer une stabilité.
2) Alléger son dialogue
Si l’on écrivait un dialogue comme l’on parlait dans la vie, ce serait quasiment impossible de le lire sans tomber dans les bras de Morphée. Pourquoi ? Tu l’as sûrement remarqué, nos échanges en société ne sont pas toujours originaux. Au contraire, ils sont parfois plats, clichés. Ce qui est plutôt sympathique dans la vie, mais pas souhaitable dans un roman.
Le conseil que je peux te donner, c’est de ne pas alourdir ton récit avec des dialogues vides et sans intérêt :
— Salut ça va ?
— Oui et toi ?
— Oui merci !
— Bon, tant mieux.
On s’ennuie, non ?
C’est un peu caricatural, mais c’est vraiment l’idée : insère des dialogues qui ont du sens.
Pour alléger le récit, n’hésite pas aussi à supprimer les incises inutiles :
« Je n’ai plus la force de courir » annonça-t-elle.
— Déjà ? demanda-t-il.
— Je n’ai pas autant d’endurance que toi ! répondit-elle ».
L’incise demanda-t-il est purement décorative, car le lecteur a déjà compris que le personnage se posait cette question. Cette redondance, accentuée par l’incise suivante répondit-elle va rapidement lasser le lecteur.
On pourrait écrire ce dialogue autrement :
— Je n’ai plus la force de courir, annonça-t-elle.
— Déjà?
— Je n’ai pas autant d’endurance que toi !
C’est déjà plus fluide quand même !
3) Caractériser ses personnages
Comme les personnes dans la vie, chaque personnage est unique. On a tous notre histoire, notre vécu, mais pas que. On a également une voix bien à nous, une façon de marcher, de s’exprimer, des tics de langage : tout ce qui constitue notre caractère. Garde en tête qu’un personnage bien incarné doit refléter la vie, on ne pourrait pas être réduit qu’à une seule caractéristique !
Et justement, les dialogues sont là pour donner de la consistance à tous ces traits de personnalités.
Alors comment procéder ?
Pour incarner ses dialogues, le mieux est de faire varier plusieurs facteurs comme les niveaux de langage.
Donc si ton personnage, prenons Clément, est plutôt vulgaire : intègre un vocabulaire grossier, une façon de parler bien à lui, souvent le même argument qui revient par exemple. Mais toujours avec parcimonie pour éviter de créer des clichés. D’ailleurs, si tu veux savoir comment éviter de créer des personnages clichés, c’est par ici : Pourquoi vous devez à tout prix éviter les personnages clichés ?
L’idéal serait que l’on reconnaisse Clément dans un dialogue sans que tu aies besoin de le citer explicitement.
4) Diversifier ses verbes de parole
Comme je l’expliquais juste avant, les dialogues doivent être incarnés pour avoir une consistance, et donc être crédibles et naturels. Pour ce faire, tu as besoin de verbes de parole pour les animer. L’important est de savoir les diversifier pour ne pas tomber dans la répétition.
Si le personnage a une interrogation ou une déclaration, on retrouve des verbes comme dire, affirmer, apprendre, confirmer, annoncer, conclure ou encore demander, interroger, s’informer… Mais pour l’incarner, tu as devant toi un panel de verbes à ta disposition.
Reprenons Clément, il est assez grossier et a une grosse voix, alors n’hésite pas à inclure des verbes adéquats dans ton dialogue tels que : vociférer, crier, rugir, s’exclamer… Pour un personnage plutôt renfermé sur lui-même et/ou timide, tu peux intégrer des verbes de parole comme : chuchoter, marmonner, bredouiller, voire bégayer…
La tonalité change, tout comme le personnage qui s’exprime. Ces différentes manières de parler et d’interagir dans les dialogues vont faire ressentir au lecteur l’individualité de chaque personnage. Il aura alors l’impression de réellement les connaitre, les anticiper, et même de s’y attacher.
Je crois que tu es enfin prêt(e) à créer des dialogues cohérents et naturels. Alors je n’ai plus qu’à te dire : « let’s do it » !